Presse.ArtMeme90

L'Art Même #90 - Hadrien Courcelles
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Presse.LLB.04.05.22

Chemin faisant
huize la maison Lismonde 2022

 

Presse.Lismonde.Tribumedias
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photoexpoLismonde.1


Anne Marie Finné. Chemin faisant

Dessins

Depuis plus de 40 ans Anne Marie Finné dessine. Ses dessins actuels, réalisés à la mine de plomb, cheminent avec minutie et délicatesse au travers de fragments de territoires imaginaires. Entre révélation et effacement, l'artiste revisite des lieux qui lui sont chers, des images de sites touristiques ou encore des vues ancienne pour façonner de nouveaux paysages, marqués par des ruptures d'échelle, des basculements de perspectives, des diversités de points de vue, des ombres contradictoires. Anne Marie Finné nous parle de touffeur, de resserement, de densité. Ses paysages en mouvement semblent se déplier ou se replier au gré de ses errements, s'attardant à certains moments sur des détails merveilleux ou inattendus. Parfois cadrés au ras de l'horizon ou paraissant à d'autres moments se développer au-delà des limites du papier, les dessins de l'artiste se meuvent et se transforment en une succession de visions, nous incitant à plonger à l'intérieur de ses paysages en constante métamorphose. Pour d'autres dessins aux formes instables, l'artiste utilise le transfert de papier carbone. Tel un souvenir imprimé, les silhouettes semblent peu à peu disparaitre dans les profondeurs de l'obscurité.

Que ce soit par de modestes traits de crayon gris ou par des transferts d'encre carbone, l'oeuvre d'Anne Marie Finné nous révèle les fragiles beautés du monde autant que la fugacité de la mémoire.

Catherine de Braekeleer, février 2022



Lismonde.Jauniaux

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... Faire un Jardin ...

Presse.LLB.15.12.2021

Arts Libre - 15/12/2021
Claude Lorent


texteImageE.Devolder2021


Too Many Dogs - One Studio - One artist

Anne Marie Finné vit et travaille à Bruxelles dans une maison-atelier. Diplômée de dessin à La Cambre et de gravure à l’Académie Constantin Meunier d’Etterbeek, l’artiste a fait du crayon graphite et du papier carbone ses médiums de prédilection.

Quelle que soit la taille de son support et l’emploi de tel matériau plutôt qu’un autre, le travail d’Anne Marie Finné appelle au silence et à l’observation minutieuse. L’on peut certainement dire de l’artiste qu’elle est peintre de paysage au sens noble du terme tel que définit par la hiérarchie des genres. En récupérant une multitude de reproduction de tableaux, des photographies, des cartes routières ou des cartes postales, l’artiste part de ces supports pour recréer des univers paysagers imaginaires voire édéniques. Sa série «Midi-après-midi» est donc inspirée par les paysages énigmatiques de Caspar David Friedrich, la grande fresque au feutre « 3 mètres 30 » a été élaborée patiemment au marqueur pigmenté sur plusieurs feuilles assemblées les unes aux autres.

Depuis quatre ans, Anne Marie Finné travaille sur sa série « Vue générale » qui a récemment été présentée à La Cambre en octobre dernier lors des 40 ans de la création de son atelier de dessin (exposition Territoires). Ces paysages au graphite sur papier, qui semblent être disséqués patiemment, nous rappellent à la fois des paysages de montagne, les paysages en plein-air fréquentés par les paysagistes du XIXe et les paysages imaginaires traités par Hubert Robert et ses suiveurs. Les habitations d’alpage, les cours d’eau et les animaux de pâturage figurent en bonne place, l’humain semble absent pour ne pas troubler cette osmose idyllique. 

Autre travail singulier de l’artiste, sa série des « Carbone » noir et rouge. Anne Marie Finné récupère, ou se fait donner, des boîtes de papier carbone utilisées jadis pour les machines à écrire. Les détournant de leur usage premier, l’artiste s’en sert comme support et médium, infligeant au fin papier des boursouflures, des stries ou des points secs  grâce au crayon ou autre objet servant de stylet. Usant l’encre carbone jusqu’au bout, elle reporte cette encre si caractéristique sur un autre support. Ces transferts créent alors de nouveaux paysages abstraits. 

Texte © Clotilde Scordia - 20.03.2020

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Territoires - Brussels Drawing Week 2019 - La Cambre

La réinvention du paysage
Anne Marie Finné – Perspectives et horizons

Les Vues générales d’Anne Marie Finné sont si précises, dans l’arborescence de leurs détails, qu’on doit passer de longues minutes à les contempler, à cheminer dans leur labyrinthe naturel fait de rocs, de torrents, d’arbres majestueux, de prairies parfois occupées, de maisonnettes qui semblent perdues, absorbées dans l’environnement. Mêlant une technique très précise, presque reconstitutionnelle et un arrangement de l’espace tout-à-fait original, ses paysages font sommes de visions ou de souvenirs. Représentent-ils des lieux existants? Ou bien l’archétype des zones épargnés par le béton et l’industrie? Peu importe. Dessinés par l’artiste, ils font œuvre et existent.

Ils fonctionnent comme une mosaïque sans séparation, sans frontière. Les jeux de perspective sont brouillés, le cheval ou le bosquet dominent les maisons et les rares traces humaines encore visibles. Souvent un cours d’eau serpente, donne à la vision un sens; alors le dessin atteint une sorte de perfection: le regard suit l’eau et, même sans la voir, ruisselle dans les terres meubles, entre les racines, remonte les troncs, se fait happer par une vache assoiffée, passe sous un pont… L’unité prend forme grâce à l’élan vital parcourant le trait, comme le sang un corps battant, mobile.

On appréciera en particulier les compositions où le cadre n’est pas fermé et où le blanc du papier vient parfaire l’ensemble; où le ciel fait dôme et envoûte définitivement la flâneuse. Aux limites parfaites de la géométrie succèdent l’effacement de la vue dans l’air, la limite incertaine entre ce qui existe un instant et le reste du monde, de l’autre côté de l’horizon. Le dessin perd alors sa dimension de représentation quasi-totale et regagne, avec humilité, l’unicité du moment. Comme si Anne Marie Finné était parvenue à rendre sensible le «sentiment de nature», cette chose étrange qui a animé tant de mouvements artistiques, en particulier les romantiques, et dont l’existence semble aujourd’hui saugrenue tant il dépend d’une part de l’humaine étrangère à la raison.

Par Thibault Scohier – Karoo.me – 04.11.2019
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Y croître
CACLB - Centre d'Art Contemporain du Luxembourg belge
Communiqué de presse
ETE 2019

À Montauban, la végétation, riche et foisonnante, enveloppe les espaces du centre d’art. Au-delà des murs, la forêt témoigne d’un passé qui a laissé des traces. Close pour un temps, elle s’est fait désirer, poursuivant son développement, hors de la présence humaine. Maintenue dans cette réserve, elle a continué à prospérer, protégée. Comment tordre la contrainte de la fermeture puis de la limitation d’accès aux chemins balisés, et permettre une nouvelle approche, vivifiante, de cette nature abondante? Comment rendre un élan, un souffle pour son et notre épanouissement ? Huit artistes ont répondu à cette double interrogation.
Cet été, l’Espace Greisch et le bureau des forges se transforment en terreau, afin qu’y émergent des œuvres s’enracinant dans les particularités des lieux. Leurs espaces intérieurs offrent de nouvelles opportunités pour poursuivre les interactions entre les créations artistiques et le patrimoine architectural et naturel. La nature, vivante et luxuriante, est invitée à croître au sein de l’architecture.
Les artistes ici réunis ont déployé leurs matières, formes, couleurs et volumes. Le souffle de la forêt environnante a donné naissance aux installations, dessins, peintures et sculptures. Du sol au plafond, les oeuvres expriment la prolifération, la force et la vigueur que développent les végétaux pour prendre forme selon leur biotope. Elles incarnent le cycle de la vie, un acte de résistance, métaphore de l’énergie des plantes.
Dans le bureau des forges, l’oeuvre d’Anaïs Lelièvre emplit le volume et provoque une sensation de perte de repères. Les papiers démultipliés prennent l’empreinte des végétaux et renvoient au processus de transformation. Les dessins de Yann Bagot relient quant à eux les bois de l’architecture à ceux de la forêt environnante.
Le rez-de-chaussée de l’Espace René Greisch devient un laboratoire de culture. Cécile Beau y fait fructifier des tapis de mousse qui abritent l’humidité. Là, les sensations de proximité avec la nature sont condensées. Au premier étage, Anne Marie Finné, Angèle Guerre et Filomena Borecka, par leurs dessins et leurs installations, donnent à voir des mouvements et un éclatement de formes. En prêtant attention aux matières, elles convoquent les sensations de contact du corps avec la nature. En explorant leur support, par la répétition d’un geste, elles témoignent de rencontres avec les éléments naturels en croissance. Anne Marie Finné propose au visiteur de prendre le temps d’une marche et d’un parcours du regard afin de saisir l’image vibrante d’une végétation. L’envol et le lien de la terre au ciel se révèlent dans l’installation d’Angèle Guerre. Ses pièces insufflent de nouvelles présences, mi-végétales, mi-animales. Un souffle vital émane des sculptures de Filomena Borecka, qui se transforment au gré des passages. Comme en forêt, le visiteur est attiré par des matières, incité à aiguiser son regard pour se laisser guider vers des apparitions de formes multiples. Au dernier niveau, les empreintes végétales de Natacha De Mol, une création in situ, rafraîchissent notre attirance pour le monde floral, fragile et délicat, source d’éclat et de vie. Ses flux se dispersent et traversent les frontières entre intérieur et extérieur. D’un fragment, d’une pousse, les oeuvres prennent ici corps pour nous inciter à prendre le temps d’observer le vivant.


Communiqué de presse - Pauline Lisowski


Y croître
CACLB - Centre d'Art Contemporain du Luxembourg belge
Dossier de presse

Dans les dessins d’Anne Marie Finné, différents rythmes se révèlent. Par la répétition de gestes, elle fait surgir des images, qui impliquent un double regard. De loin, un phénomène se perçoit. De près, la finesse des tracés se dévoile. Dans son dessin au graphite, par les jeux de traits et de vides, apparaissent un feuillage, des branches et une lumière du jour, presque éblouissante. Le grand jour renvoie à une perception immobile, à une attention, à une concentration.

Elle découvre dans le papier carbone un support chargé d’histoire dans lequel elle grave pour soulever les strates d’une nature. Telle une archéologue, trait après trait, elle déplace la matière, laissant surgir une forme. Ses oeuvres témoignent de l’apparition et de la disparition d’une végétation en mouvement. Ses paysages de brouillard, baignés d’une douce lumière, amènent le spectateur à se déplacer pour les percevoir. Du jour à la nuit, du blanc au noir, ses dessins incarnent différentes temporalités, celle du papier, celle des multiples tracés, et celle du temps de contemplation du visiteur, qui cherche à en percer le mystère.

Pauline Lisowski 2019


 

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Arts Libre N°326 - 16/09/2016

Claude Lorent



...Arts Libre N°305 - 19/02/2016
Roger Pierre Turine


 

Dessiner

Armée d’un crayon graphite ou d’une pointe, deux outils simples s’il en est, Anne Marie Finné continue ses expérimentations dessinées. Le trait, répété, s’amasse, s’agglutine, explose en mille éclats ou forme des évaporations légères et fragiles. Plus que la trace sur le papier, ce qui intéresse cette artiste, c’est le mariage délicat entre son trait et le support. Mariage arrangé mais toutes les parties ont donné leur agrément : graphite, carbone, papier, mur, espace …

« Il faut voir ces papiers carbones déformés par la succession des passages des traits, cette usure, ce papier carbone qui se déforme, pareil à une peau. La transformation physique du carbone est primordiale et magique pour moi« , écrit-elle.

Ainsi, au carbone sur un papier calque, voilà son trait nuageux, évanescent. Au crayon directement sur les murs de la galerie, les traits forment comme les traces du temps, quelques fissures, une patine.

Au carbone rouge ou bleu sur papier, ils gagnent en puissance : voici des buissons dans l’ombre d’un soir qui tombe ou sous un soleil à son zénith. Mais encore, à la pointe, directement sur un papier carbone, ils font comme une respiration, un souffle d’air, en temps d’arrêt au milieu de tout ce bleu.

La série des sept grands graphites Alea, présentée dans la grande salle blanche, parle d’explosion. C’est un arrêt sur image d’un instant violent. Toute une palette de gris crée un impact dans l’espace dépouillé de la galerie.

Traits délicats ou plus vifs, répétés, griffés, comme au burin du sculpteur, ils entrainent aussi le regard et l’esprit vers une méditation.

Née en 1962, Anne Marie Finné vit et travaille à Bruxelles. On l’a vue chez XXL Art à Bruxelles, à la Maison des Arts de Schaerbeek mais aussi à plusieurs éditions du salon en chambres Art on Paper, qui manque tant à Bruxelles. Elle a étudié le dessin à La Cambre, et depuis 1997, enseigne à l’Académie de Molenbeek-Saint-Jean.

Muriel de Crayencour - 9 avril 2015
galerie budA - tekenen dessiner
www.mu-inthecity.com


Anne Marie Finné (°1962 Brussel) studeerde tekenen aan La Cambre en geeft sinds 1997 les aan de Academie van Sint-Jans-Molenbeek. Haar tekeningen, soms op carbonpapier of eenvoudig met potlood op papier, zijn pure poëzie. Een oneindige stroom van lijnen en krassen op papier als een soort tijdlijn aan de muur.

Op carbon (zwart, rood of wit) verfijnen de lijnen zich tot een onwaarneembare grens en ontstaat een ongekende densiteit. Lijn na lijn verdwijnt het papier en uit het stof ontstaan vage sporen, het begin van een verhaal. De tekening lost het papier. Het onbekende verschijnt. Laag na laag ontstaat uit het carbon een ander verhaal, een nieuwe tekening alsook haar spiegelbeeld. Waar aanvankelijk eerder abstracte (grijze) velden ontstonden als schimmen op papier, zien we in haar recent tekenwerk meer en meer figuratie in het lijnenspel. Vage verwijzingen naar de plantenwereld. Frivoliteiten. Een licht- en schaduwspel op groot formaat dat doet denken aan gebladerte alsof we door de kruin van een boom kijken.

Doorschijnend, gewichtloos en breekbaar. De tekeningen van Anne Marie Finné, groot of klein, één voor één aan de muur gespeld of in de vorm van een collage in haar atelier, dwingen ons te kijken. Van dichtbij en veraf.

Veerle De Saeger
galerie budA - tekenen dessiner


Anne Marie Finné maakt 'indruk' in galerie budA

In oktober 2014 mochten we u Anne Marie FINNE voor het eerst voorstellen in WATERSCHOENEN. Ze maakte toen deel uit van de tentoonstelling 'Buiten de lijnen' bij galerie budA in Asse.

Nu krijgt de ze hele ruimte voor zich alleen.
Haar tekeningen zijn 'één-tonig' (zwart, grijs, rood, wit) maar verre van eentonig, want bijzonder intens door de kronkelende lijnvoering en bovendien getuigend van een grote vakkennis in het creëren van verzadiging. In haar potloodtekeningen vertaalt zich dat in zachtheid of hardheid, dan wel in de densiteit van het lijnenspel.

In de vorige tentoonstelling stond ze dus mee onder de noemer 'Buiten de lijnen', een gegeven dat noodzakelijk is voor alle authentieke kunstenaars ('buiten de lijntjes kleuren'...) en dat bijgevolg door elk van hen op een hoogst persoonlijke wijze ingevuld wordt.
Toch kunnen technieken en uitvoeringsmethoden bij verschillende kunstenaars gelijk lopen (zelfs zonder dat ze zich van elkaars werk bewust zijn) en niettemin tot andere resultaten leiden.
In de vorige bespreking verwees ik zijdelings naar werk van Hedwig Brouckaert en Johan Dewilde, twee kunstenaars voor wie een gecondenseerd lijnenspel bepalend is voor hun werk. Terwijl dat bij Dewilde een geperfectioneerde opeenhoping van horizontale en verticale lijnen betreft, werkt Brouckaert net als Finné met kronkelende lijnen en gebruikt ze ook carbonpapier.

Anne Marie Finné tekent met potlood op papier of creëert 'dubbel' werk met carbon op papier, een spel met positief en negatief resultaat.
Inhoudelijk maakt het abstracte lijnenspel steeds meer plaats voor herkenbare (floreale) motieven.
Speciaal voor deze tentoonstelling heeft ze een werk in situ gerealiseerd. Tussen de drie ramen naast de trap laat ze een subtiel spel van 'wolkjes' na, als betrof het de schaduw van een nabijgelegen boom.
Maar u hebt ongetwijfeld ook oog voor de losse tekeningen, stuk voor stuk als stille getuigen in alle eenvoud tegen de muur geprikt of als ingelijste, heterogene clusters gepresenteerd.

Anne Marie FINNE heeft geen behoefte aan toeters en bellen, maar houdt gewoon de voetjes op de grond en tegelijk het hoofd in de wolken.

Wanneer je al die kronkelende lijntjes ziet, is ook die krullebol van haar ongetwijfeld geen toeval.

© Art Spotter voor WATERSCHOENEN
- 23.03.2015
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Buiten de lijnen
galerie budA - Asse
met Isa D'hondt, Wannes Lecompte, Anne Marie Finné en Johan Tahon.
© Art Spotter voor WATERSCHOENEN - 02.10.2014
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La Libre Culture - 11.06.2014
Claude Lorent


Imaginons une feuille vierge, et contre elle, un papier carbone, toute une page, une réserve, un potentiel graphique, un fond de matière promise en somme.
Anne Marie Finné opère le transfert selon une multitude de biffures décidées, fines et délicates, par séquence. Souvent elle relève le papier carbone pour voir l’image poindre et le repose, le déplaçant, poursuivant à l’aveugle son dessin, entretenant la rémanence des traces précédemment perçues. En patiente stratification sensible, sur la feuille de papier, les premiers roses diaphanes gagnent une densité nouvelle, l’opacité de rouges profonds. Ainsi, en va-t-il aussi des noirs. Sous les gestes appuyés d’Anne Marie Finné, progressivement le blanc de la feuille se couvre ; à rebours le papier carbone s’évide. Suite d’empreintes miniatures laissées dans la matière, ce qu’Anne Marie Finné soustrait au papier avec assiduité est déposé sur un autre, sans chute. L’artiste travaille avec une matière « historique », ancienne, pauvre et rare à la fois. Et ce serait comme un leitmotiv paradoxal : « vider le carbone », l’épuiser, pour n’en rien perdre. Au point d’en observer les restes et d’y déceler l’ombre en creux d’un buisson, d’un fouillis, d’un jardin ou d’un nuage. Et revenir sur ces retraits que des lumières volatiles percent afin de poursuivre leurs évocations, et les épingler au mur.
Manières noires et rouges, points lumineux, ombres de peau charbonneuse, Anne Marie Finné entraine le spectateur dans son sillage et lui donne à voir un dessin, tout en même temps, matérialité et espace, sous les apparences de tracés exhalés.

Elisabeth Amblard - © février 2014
Galerie Détour >>>





Fluxnews #62 - 2013 - Catherine Angelini
(Extrait)


Dossier de presse [Variations] >>>



'Anne Marie Finné, la magie de la flânerie'
Upstream Magazine - Avril/Mai 2013 n°10 - Jaak Vandermosten
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L'Art Même #58 - Sandra Caltagirone
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La Libre Culture - 03.04.2013
Claude Lorent


Vif Weekend - 08.03.2013
Michel Verlinden


 

Focus Vif - Michel Verlinden


 

Les dessins d’Anne Marie Finné sont dépaysants à plus d’un titre. Ce sont assurément des dessins et pourtant… La « part d’inachevé » y tient une place si grande qu’elle met le papier lui-même en question.

Ce papier, finalement assez commun, est-ce un simple support, une surface, un écran ou au contraire une matière dotée d’une consistance, d’une épaisseur que le dessin a pour ambition de révéler ?

À moins qu’il ne s’agisse plus subtilement d’un espace très particulier propice au jeu des masques et des substituts, le terrain d’un carnaval ambigu, un laboratoire de mutations, de permutations, de transmutations, de torsions et de distorsions qui peut aller jusqu’à la mise à mal du papier et du dessin ?

Autrement dit, le dessin lui-même est-il réellement un dessin? Ou un stade embryonnaire, un fragment dévoilé, un tâtonnement en voie d’une impossible finition ? un tremplin vers l’in-finition ?

Le trait en tous cas rappelle étonnamment celui du graveur, du taille-doucier patient et méticuleux qui gratte, et enlève à la fine pointe d’un stylet le vernis mou d’une plaque de cuivre, offrant l’espace dégagé à la morsure de l’acide.

En délaissant le métal et en recourant au papier, Anne Marie Finné ne cherche-t-elle pas à donner le jour à une image brûlante sans avoir recours à la morsure, à la dévoration de l’acide?

Ou bien cherche-t-elle à montrer qu’il existe une composition potentielle, une vue possible dans chaque feuille anodine?

Le dessin lui-même n’occupe souvent qu’une zone restreinte, un territoire, un îlot, témoignage d’une excursion sur papier et d’une prise de possession d’une partie seulement de feuille. Le trait est souvent léger, nébuleux. Le geste est révélateur, le dessin prend forme: d’abord quasi fantôme. Elle le relève progressivement, ( comme on lève un corps?) le développe et s’arrête quand il semble créer un suspens, un désir avide d’en savoir plus quand la curiosité devient intrigue.

Cette façon de procéder contribue à donner un caractère aérien au papier et lui imprime une envie de flotter dans l’espace, de témoigner de légèreté à moins que ce papier ne soit un fond, l’espace d’une recomposition, le support d’un dessin plus ancien mis en charpie, tiré en lambeaux, donc un espace de reconstitution, de représentation ?

A moins encore que ce ne soit tout cela, une mise en jeu de toutes les possibilités du dessin au départ de trois fois rien ?

Une sorte de cache-cache permanent, une mise en scène de l’inachevé qui vise à ouvrir l’espace à partir de miettes, de détails...

Un détail, c’est littéralement la chute d’une taille, les restes d’une mise en pièces, le résidu d’une trouée pratiquée dans un espace trop touffu, d’un massif végétal.

Chez Proust, ces miettes sont les stimulateurs de la réminiscence, le moteur du souvenir, celui qui évoque un parfum subtil comme la senteur d’un sentier parcouru en terrain découvert, d’une aventure en dessin.


eddy devolder le 4 mars 2012


 



......................................................................................................Le Vif - focus- 25.02.2011



'L'artiste de la semaine'
Cinquante degrés nord ARTE Belgique
Reportage de Philippe Courteille
7-11/03/2011


 


Citadin mais pas guindé. Entre ses murs de briques, le jardin, décoloré par l’hiver, n’est, à cette époque de l’année, que promesses. Ou souvenirs.

La fenêtre fait écran.

L’atelier est en contrebas. Sur une paroi tapissée de dessins : branches, feuilles, brindilles, plantules, fragments déchirés ou découpés, reliquats de la récolte estivale. Assemblage inachevé, collage provisoire. Relecture. Recomposition.

Depuis l’été, Anne Marie Finné a dessiné dans son jardin journellement, sans aller beaucoup plus loin que le seringat planté par elle il y a vingt ans, vers la droite, juste au-delà la glycine qui surplombe la terrasse.

Pour parcourir le monde.

Après les gelures des absences, est venu le temps de la proximité à soi. La violence n’a pas dit son dernier mot. Elle s’inscrit dans la sérénité du présent.

Oser le silence, avec force.

S’arrêter.

La déambulation est quotidienne, l’environnement familier et proche, sans détours par les objets, leurs ombres et leurs couleurs.

Le crayon, promeneur minuscule, se faufile dans les herbes. Il dresse l’état des lieux de son parcours botanique. Il choisit son itinéraire et sa cadence. Il s’enfonce, contourne, scrute et rend compte aussi de l’entre-deux, là où le regard croit ne plus rien voir.

Il décrit, détaille, dissimule. Il effleure, s’attarde, griffe, se presse ou s’efface. Le trait est tantôt noir et gras, tantôt pâle, fin, incisé jusqu’à l’entaille.

Les parcelles de jardin reposent sur le papier - elle le veut dur et résistant : des touffes d’herbes arrachées à la terre côtoient des mottes argileuses tranchées d’un coup de bêche.

Catherine Fache
2010


 

Suite d’instants

Sur un long papier de plus d’un mètre de long, la mine graphite du crayon d’Anne Marie Finné a capturé quelques tiges de bambous, des touffes d’herbe, des cailloux blancs, un amas de feuilles. Une composition qui s’appréhende de loin : très graphique, et de tout près : pleine de détails comme des petits secrets végétaux dévoilés. Un instant capturé au fond du jardin.

Chacun de ses dessins porte un nom de code – par exemple : 10h15 - 14 02 2010 - , qui fait référence au moment précis de la journée où le crayon a effleuré le papier pour laisser une trace du regard de l’artiste.
Pour un autre dessin, le trait se fait plus léger, le crayon caresse la feuille, déployant une délicate composition d’herbes et autres végétaux attrapés « sur le vif ». C’est délicat, comme une photo usée par le soleil. Plus loin, sur un petit format, le trait est hachuré, vif, presque dur : sur la droite, très foncé, sur la gauche, très léger et clair. La composition est bouillonnante.

Anne Marie Finné est professeur de dessin à l’Académie de Molenbeek-Saint-Jean depuis 1997. Diplômée de dessin à la Cambre, elle travaille la gravure, la reliure et le dessin. La série de dessins qu’elle montre aujourd’hui à la galerie Ist-Art-Ist offre un regard plein de vie sur la beauté « toute simple » et toute proche d’un jardin citadin.
Depuis un an, l’artiste a dessiné dans son jardin journellement, sans aller beaucoup plus loin que le seringat planté par celle-ci il y a vingt ans, vers la droite, juste au-delà la glycine qui surplombe la terrasse. Utilisant uniquement le crayon gris gras et la mine graphite, elle décrit, en dessins monochromes, formes végétales, plantes et racines, pour un résultat presque méditatif.

Son regard s’arrête au ras des pâquerettes, dans la beauté tendre et exceptionnelle d’un bouquet d’herbes. La déambulation est quotidienne, l’environnement familier et proche, sans détours par les objets, leurs ombres et leurs couleurs. Proche du dessin botanique par sa technique, le trait transforme pourtant la réalité de son petit jardin de ville en une proposition mystérieuse. On sent que l’artiste, à travers son jardin, dessine aussi les contours de son état émotionnel du moment. Le trait, délicat, hachuré ou incisif, dévoile plus qu’une simple représentation de la réalité végétale.
C’est sans doute pour cela qu’en retournant chaque jour au jardin pour y jeter un regard, puis en déposant les images sur le papier, Anne Marie Finné peut présenter aujourd’hui un ensemble très subtil de dessins, qui semblent tous dire quelque chose de différent, avec beaucoup de délicatesse. Le monde est juste là, au fond du jardin.

Muriel de Crayencour
L'Echo - 15.05.2010

 


 

Exposition ‘Fragile’
Galerie Libre Cours

 

Ce qui me frappe le plus dans le travail d’Anne Marie Finné, c'est sa sensualité, plus exactement sa tactilité (ou sa textilité: disons sa taxtilité). Plus que de se donner à voir, il s'approche (non sans un certain retrait), et vient nous toucher. Il caresse l'oeil, invitant la main à le caresser en retour. Un certain trouble s'empare de nous, un bien-être aussi. On n'est pas face à une représentation (ou non), mais avec (dans, sur, sous...) une texture qui nous lit.

Philippe Hunt
Septembre 2007


Simplicité, pureté et tranquilité, trois mots pour cette exposition qui réunit les oeuvres de deux artistes belges. Anne Marie Finné glane le papier, le collectionne et le conserve précieusement. Elle tire parti de sa fragilité, effleure la figuration et fait naître des corps éphémères.
Ronald Ceuppens, lui, est profondément inspiré par la nature. Son atelier est une recherche d’équivalence à la nature et au calme. Les traces matérielles et visuelles de ses itinéraires figurent dans son oeuvre graphique sous forme de ‘collages’ où les couleurs, les formes et le graphisme structurent les réminiscences végétales et organiques.

ArteNews
Septembre 2007



Anne Marie Finné occupe conjointement avec Ronald Ceuppens les cimaises de Libre Cours.
Ancienne élève de P. Lahaut à La Cambre et de M. Pasternak et Anne Dykmans à Etterbeek, elle est à son tour professeur dans l’atelier des enfants et professeur de dessin à Molenbeek St Jean, elle n’en poursuit pas moins un parcours impressionnant d’expositions et glane régulièrement des prix prestigieux.
Cette pastelliste de grand talent est séduite par les visions éphémères, ces instants envolés mais jamais disparus de la mémoire. J’ai dit naguère qu’elle aimait capter l’ombre d’une ombre mais n’est-ce pas là que se situe la plus belle manifestation de la vie? L’objet le plus bassement matériel devient dans le regard d’Anne Marie Finné un véritable moment d’éternité.
Une exposition de classe.

Anita Nardon



Ordre d'apparaître, 1

6.

bras d'ombre
en avant du sein, du genoux
filtre harassé du regard
et même désolation sous les pieds

plus loin s'offrent peu-être
l'horizon et les coquillages broyés d'un soubresaut

demain manigance déjà en aval des ténèbres

Extrait - Texte librement écrit d'après les oeuvres d'Anne Marie Finné
Jack Keguenne 2009
Infos
Audio

 



Exposition ' Si elle'
Librairie Quartiers Latins

The only thing that moved upon the vast
semicircle of the beach was one small black
spot.
Virginia Woolf : “Solid Objects”


Femmes de papier: quelques bribes pour, avec Anne Marie Finné

Depuis toujours le papier l’a appelée (1), lui a fait signe : c’est lui qui a dicté le choix d’un médium, le dessin – même si parfois la peinture tente, moins « fragile dit-elle (c’est un de ses mots)

Le papier, le plus humble, le plus jetable croit on (celui des boîtes à souliers, des filtres), elle le glane, le garde, le collectionne, le range soigneusement, comme elle garde des mots (titres possibles, d’œuvres à venir, venus de romans, de poèmes), et bien sûr des images (des photos de Muybridge sur papier journal, par exemple) – elle aime les mots, même si elle croit qu’ils lui manquent (elle m’a donné ces mots)

La fragilité, toujours, le grain du papier, du pastel, de la photo (de la voix), comme une poussière – tiens, nous n’avons pas parlé des mandalas de sable

Ce qui vient à la rencontre du papier, c’est d’abord le pastel sec, sa douceur, glissant le long – mais récemment elle s’est remise au crayon, un rapport plus agressif au papier, qui creuse, qui trace des frontières (des frontières courbes)

Ce qui se marque sur le papier, c’est encore le papier, boules ou boulettes, froissées (mais pas déchirées), celui qu’elle collectionne, tout simple, des bribes, des riens, « petites choses dans la main » (mis en abyme, pourtant)

Mais les riens ici, à Quartiers Latins, ce sont des boules avec des femmes, des femmes qui parfois sont parfaitement enfermées, protégées, encoconnées dans une boulette (un boulet ? un devenir-caillou ?), parfois s’enfoncent, s’effacent, s’exténuent (devenir-fumée, ombre, brouillard) dans un au-delà du papier (du miroir), parfois sont mises au grill, sur des ensembles de griffes parallèles (des « stores »,dit-elle, plus tard des « partitions »), toujours (se) tournant un peu au moins, jamais frontales, souvent coupées (« cassées », dit-elle)

Naissance du corps, passage, figuration (défigurante, mais sans grande violence…sauf parfois, un « coup de boule »)

Cela, pour vous, nous, le spectateur, qu’on se sente flotter, comme la boulette, de bonheur, qu’on reprenne peut-être la boulette, en fasse d’autres figures : le simple, l’éphémère, mais qui reste, se répète

Car elle fait toujours la même chose, presque la même chose, avec chaque fois des petits écarts, ici plus petit, parfois plus coloré, les boulettes comme des virgules qui ponctuent, certes, le quotidien, mais ne prétendent pas s’exhausser hors de lui, seulement le marquer, le scander, que nous le vivions, la musique simple du quotidien, les pas de la femme qui marche, d’une photo à l’autre, un peu déstabilisée par la ficelle, elle aussi

(1)
L’ordinateur, son inconscient, m’a fait écrire d’abord « papelée »…

Philippe Hunt
Mai 2005


 

Les dessins d’Anne Marie Finné semblent en devenir. Apparitions fragiles, aux couleurs de la terre, ils dansent au rythme d’un rêve resté en suspens. Le temps s’arrête, les matières se révèlent. Ces variations multiples sur le thème du hasard du froissement dévoilent une sensibilité tout en finesse et pudeur.

Martine Dustin 2002